 |
|
 |
|
|
Des lignes de chemins de fer aux pistes cyclables :
l'erreur définitive. |
|
|
 |
|
|
Parfois, certaines erreurs de nos politiques sont commises de bonne foi.
Ou parce qu'ils n'ont pas vraiment le choix.
Ou parce que c'est dans l'air du temps.
Ou parce que les choses s'enchaînent inéluctablement.
Ou parce que ce sont des corrompus.
Ou parce que...
Mais au bout du compte, cela reste tout de même des erreurs que la population va subir.
La transformation des lignes ferroviaires en pistes cyclables en est une, une erreur gigantesque. |
|
|
• Désenclaver tout un territoire.
La transformation des voies ferrées en pistes cyclables, même si ce fut un bienfait par certains côtés, s'avère être un recul social énorme.
Mais si votre logis ne se trouve pas dans un village traversé par les pistes cyclables, ou le long d'une piste cyclable, vous ne pourrez sans doute pas comprendre comment il est possible de regretter le train au vélo.
Pourquoi ? Parce que nous ne vivez pas au quotidien ce dont nous allons parler ici.
Justement, qu'est-ce que l'on vit, ou plutôt qu'est-ce que l'on n'y vit plus ?
Autrefois, ces pistes cyclables étaient des lignes de chemins de fer et les habitants, avec ou sans voitures, avaient droit à un moyen de déplacement efficace et peu onéreux.
Ils avaient droit à la ville, à la culture, et à plein d'autres activités paradoxalement désormais plus difficiles à atteindre.
Les scolaires, les adolescents en fin de semaine, les personnes agées, les sans-argent pouvaient aller d'un point à un autre, réellement.
Oui, c'est bien l'énorme fracture ville-campagne que nous évoquons ici, qui concerne le désenclavement de tout un territoire.
|
|

Image NON générée par une I.A.
|
|
|
• La faute des pistes cyclables ?
Les pistes cyclables n'y sont pour rien, elles existent et c'est très bien de faire du vélo, mais dans ce cas précis, elles ne sont que les conséquences des choix d'hommes politiques inconscients et peu compétents, avec une vision étroite de rentabilité économique à la clé. Ils avaient décidé qu'il fallait fermer les lignes de chemins de fer, ou ne pas les aider à survivre, mais eux, tout simplement et comme d'habitude... n'habitaient pas en zone rurale.

La création de ces pistes cyclables n'étaient sans doute pas prévues lors de la fermeture des lignes de chemin de fer.
La volonté de fermer les lignes a été par contre planifiée et présentée comme inéluctable.
On connaît le refrain de cette petite musique-là puisqu'elle court toujours chez nos chers élus régionaux et nationaux. Adieu la poste, la gendarmerie, et tout le reste.
Bien sûr, le mieux aurait été de conserver le train et d'avoir aussi les pistes. Le beurre, l'argent du beurre, etc, et je vous en prie, restons correct.
|
|
|
|
|
Vous pourrez apercevoir de temps en temps cette vieille dame entre Saint-Léger et Villandraut.
Elle fait du stop, parfois sous la pluie, parfois dans le froid mordant.
Elle part faire ses courses à Langon.
Ensuite, il faudra qu'elle revienne chez elle, le soir, si elle y arrive.
Il y aurait eu un train... |
|
|
|
|
|
• Pourquoi ?
Si le train existait encore, les lycéens de Saint-Symphorien auraient pu aller à Langon au lycée en train. Il y a des bus, direz-vous ? Oui, qui desservent mal, font des détours impossibles, à des heures également impossibles le matin, selon l'endroit où vous habitez.
Si le train existait encore, nombre d'adultes auraient pu aller à Bordeaux à différentes heures de la journée, soit pour travailler, soit pour trouver du travail, justement, sans avoir à subir des embouteillages impossibles et des dépenses sans fin, pour pouvoir garder la tête hors de l'eau.
Si le train existait encore, beaucoup de personnes auraient pu se permettre bien plus facilement d'aller dans un restaurant de Bordeaux, ou bien avoir le plaisir d'assister à une pièce de théâtre, un concert ou bien un match de rugby sans se soucier d'un retour épuisant le soir venu.
On aurait pu aller de village en village, comme ça, sans voiture...
Ce ne sont que des exemples parmi d'autres.

Saviez-vous qu'une secrétaire qui travaille à Biganos ne met qu'un peu plus d'une demie-heure actuellement pour repartir chez elle en train dans les Landes, du côté de Morcenx ? Ça fait rêver.
Imaginez le même parcours en voiture, entre les bouchons, la pluie, les sangliers, le stress et les radars.
De plus, répétons-le, nombre de catégories de personnes n'ont pas de voiture, même à la campagne.
"Mais vous aurez le train !", diront beaucoup de ces hauts élus ! Nous aurons la LGV ! Oui, mais les TGV ne s'arrêteront jamais à Louchats ou Mazères ou Sore.
Tricheurs, menteurs.
|
|
Image NON générée par une I.A. |
|
|
• Une piste cyclable : la perfection ?
Revenons à nos moutons : la partie des pistes cyclables que les vacanciers préfèrent le plus souvent souvent sont celles qui traversent les villages, ce qui est normal : l'effort, la culture locale et une glace à la vanille ou une bonne bière "sont des mots qui vont très bien ensemble".
(merci, les Beatles).
Il est vrai que celle ou celui qui ne s'est pas tapé en plein été les grandes et interminaaaaables lignes droites mal entretenues de la piste cyclable Mios-Bazas ne peut pas comprendre le non-intérêt total qu'il y a à faire du vélo dans ces endroits sans fin et sans charme. On le sait, on y habite.
C'est un argument parmi d'autres et il tient debout. Mais soyons clairs, il n'est pas question ici de dénigrer un acquis (les pistes), mais plutôt d'évoquer ce qui a été perdu et qui n'aurait pas dû l'être.

Les pistes qui ont remplacé les voies-ferrées ne furent souvent que des opportunités géographiques pour goudronner sans avoir à exproprier. Mais ça s'arrête parfois là, car ces pistes infinies, souvent, ne sont pas intéressantes pour les vrais amateurs de vélos, surtout quand elles sont mal entretenues, faute d'argent.
|
|

Image NON générée par une I.A. |
|
|
• Avant c'était pas bien. Vrai.
Mais parfois, si, c'était mieux.
Faisons simple et prenons
le temps de citer quelques exemples concrets de lignes de chemins de fer passant autrefois par nos villages. Cela paraîtrait incroyable aujourd'hui.
La ligne électrifiée Lesparre-Saint-Symphorien, ça vous parle ? Non, forcément, on ne l'a pas connu.
Elle reliait donc Lesparre-Médoc à Saint-Symphorien, soit 141 kms, en passant par Facture.
Mais surtout, surtout, elle permettait les correspondances avec la ligne de Bordeaux-Bayonne à Facture, de Bordeaux-Lacanau et la ligne du Médoc à Lesparre-Médoc. En fait, elle ouvrait le département à tout le monde. On pouvait aller à Arès depuis la Haute-Lande en train.
Même si ces lignes appartenaient à des sociétés privées, l'Etat avait les moyens de sauver ces lignes mais pourquoi l'aurait-il fait ? Tout le monde allait avoir une voiture.
Ces artistes avaient-ils prévu le coût des péages d'autoroute ? Les investissements sans fin à faire pour la circulation automobile ? Les problèmes d'enclavement des villages ?

Quoi qu'il en soit, tout s'arrêtera peu à peu et en 1990, les anciennes lignes de chemin de fer locales deviennent des pistes cyclables...
Pour le plaisir et histoire d'enfoncer le clou, en se documentant un peu, on apprend même que la section du Nizan à Saint-Symphorien ferme en 1950, celle de Saint-Symphorien à Sore en 1954, tout comme celle du dernier tronçon entre Sore et Luxey. Oui, on pouvait aller du Nizan à Luxey en train. Et les deux dernières section n'ont même pas eu droit à des pistes cyclables.
|
|
 |
|
|
Il est 10 heures du mat', il fait beau,
on part vers le bassin ?
|
|
|
• Ecologie ? Justement...
Evitons le ridicule du bobo de base trop caricatural, et ne faisons pas du vélo le parfait et ultime argument écologique, même s'il en fait partie, bien sûr.
Les VRAIS arguments écologiques sont tellement nombreux en faveur du train régional (desserte des villages) que son absence en est d'autant plus frustrante.
Par exemple, moins de voitures sur les routes, mais aussi un
transport possible accru des marchandises par la voie-ferrée (camions et camions et camions partout dans les villages !), etc.
On peut aussi juste se contenter de faire un constat désolant, mais réel : d'octobre à mai, puis en plein mois d'août, les pistes cyclables entre les villages de la Haute-Lande sont vides, désespérément et définitivement vides.
Elles ne sont tout simplement pas utilisées. Seules les boucles dans les villages sont parcourues de cyclistes locaux.
Comment le sait-on ? Nous avons demandé aux chevreuils et au sangliers. Ils s'y ennuient parfois.
|
|
|
|