Nom de l'école de
Saint-Symphorien
:
 
 
une muncipalité
gonflée ?
 

Chose peu courante en France, la commune de Saint-Symphorien a décidé de nommer son école primaire du nom de son ex-maire encore bien vivant.
Drôle d'idée.
La municipalité a franchi le pas sans états d'âme, et cette décision risque d'être perçue comme une sorte de copinage en forme de câlin interne, tout ça assumé sans vergogne.

 

 


Sud-Ouest a
consacré une page
à notre article.
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Bon, cela dit, allons à l'essentiel : qu'en dit la loi et qu'est-ce qui est recommandé ?
C'est à lire ici.

 

• Bien sûr...

Avant toute chose, il n'est pas question ici de parler de l'action en général de la mairie, plutôt appréciée, mais juste d'un sujet précis.
PINSPON déplore en effet le choix du Maire et de son Conseil Municipal qui se sont laissé embarqués à prendre une décision étonnante, semblant presque immorale et trouble, même si elle est légale.

Bon, cela expliqué, que dit la LOI ?

 

 

 

 
 

"Aux termes de la loi n° 86-972 du 19 août 1986 portant dispositions diverses relative aux collectivités locales, la dénomination, ou le changement de dénomination, est de la compétence de la collectivité de rattachement.

Les Conseils municipaux décident de la dénomination des écoles maternelles et élémentaires.
La circulaire du 28 janvier 1988 précise néanmoins qu’il est traditionnellement admis que les témoignages officiels de reconnaissance doivent être réservés aux personnalités qui se sont illustrées par des services exceptionnels rendus à la nation ou à l’humanité ou par leur contribution éminente au développement des sciences, des arts ou des lettres.

Il est d’usage par ailleurs que les choix arrêtés en matière d’hommages publics ne concernent en principe que des personnalités décédées depuis au moins cinq ans".

 
     
  D'après un article du MONDE, des rues, des parvis, des établissements scolaires, des médiathèques, etc, se nomment désormais Samuel Paty. Sans pour autant forcément faire pareil, la mairie aurait pourtant dû pouvoir trouver quelque chose de pas trop mal, en cherchant bien, plutôt que d'honorer l'ex-maire qui n'en demandait peut-être pas autant...
 

• Donc, est-ce bien grave, tout ça ?

La Municipalité n'a rien fait de grave qui puisse changer la face du monde, mais ça frise le truc révélateur venu un peu des temps anciens : le maire actuel et son équipe ont donc décidé de donner le nom du précédent maire, ENCORE VIVANT, à l'école du village.
Si l'on précise que l'ex-édile et l'actuel élu avaient longtemps travaillé ensemble, ça questionne un peu beaucoup et ça peut être perçu de toute façon comme un entre-soi pas très net.

Copinage inavoué ? Maladresse d'élu(e)s voulant faire plaisir un peu à tort et à travers ? La Réole avait déjà testé le truc pour un batiment public et la Municipalité s'était attirée les moqueries de la population, ce qui n'était pas le résultat escompté.

Mais ces élu(e)s ont-elles et ont-ils oublié pourquoi on honore le plus souvent les personnes disparues ?

 
     
 

Pourquoi honore-t-on
plus souvent les personnes disparues ?

 

 
 

Quand on parcourt de nombreux sites Internet ou que l'on lit des textes sur ce sujet, on y constate que les vivants n'ont pas nécessité à être honorés, sauf cas exceptionnels. Ceux qui nous ont quitté, par contre, doivent rester dans nos souvenirs, dans la mémoire collective, ne serait-ce, très souvent, qu'à cause de leurs sacrifices (soldats, etc.).
C'est pourquoi la plupart des personnes qui donnent leur nom à un établissement public, une rue, etc. sont décédées (voir articles de loi, au-dessus).
La population, en quelque sorte, maintient en vie ce qu'ils ont été, et cette petite étincelle est très importante. C'est même pédagogique, dans beaucoup de cas : "qui était cette personne dont l'école porte mon nom, et pourquoi l'honore-t-on ainsi ?"

Nous avons beaucoup aimé cette phrase de Susie Morgenstern :
"Il vaut quand même mieux faire vivre les morts pour ne pas les oublier que les laisser mourir tous les jours un peu plus. Chaque fois que l'on en dit un mot de souvenir, on les fait vivre, ne serait-ce que d'une larme".

 
 

 

 
 

Il est par exemple évident que n'importe lequel des soldats morts pendant la Première Guerre Mondiale mériterait que l'on donne en priorité son nom à l'école du village, vu ce qu'il en a bavé, entre la terreur de mourir, ses blessures, la vermine et la pourriture des tranchées, sans oublier l'arrachement aux siens...

 
   
 

• Qui honore-t-on, en général ?

Toujours en consultant Internet, nous apprenons que, même s'il est fréquent que l'on honore des personnalités de 1940 à nos jours, il est par contre plus rare que l'on honore des personnes encore vivantes, et encore moins des élus locaux.
Quand ça arrive, alors seront plutôt honorées des personnes ayant accompli un acte héroïque, ou ayant effectué des actes altruistes bénévoles et désintéressés, des choses qui n'ont souvent rien à voir avec la politique locale actuelle*.
*(voir articles de loi, en haut).

Dans le cas qui nous occupe, l'ex-maire a fait son boulot tout à fait correctement comme il le devait et était indemnisé pour cela. Rien de plus, rien de moins.
Du bon travail, mais pour ce qui est "des services exceptionnels rendus à la nation ou à l’humanité", non, on n'en est pas encore là.

Le site ecolesprimaires.fr vous permettra de connaître tous les noms des écoles en France. Du coup, on se rend compte que beaucoup d'écoles n'ont pas de noms.
- Cliquez sur l'image et bonne découverte -


• Et les autres ?

Sinon, si l'on part de l'idée que l'on peut donner à une école le nom d'habitants de la commune, combien de personnes méritantes, vivantes ou décédées, auraient pu être choisies pour que l'on donne leur nom à l'école du village ? Beaucoup.
Nombre de paroupians connaissent par exemple dans cette commune une habitante qui a passé sa vie à aider les autres, mais qui ne voulait surtout pas qu'on en parle.
Ça s'appelle la modestie.

 
 

- Un excès d'honneurs, c'est comme avoir beaucoup, beaucoup de muscles, ça en met un peu trop plein la vue -
 
 

Car, même si la Mairie se met à prétendre que cet élu, lui en particulier, a beaucoup fait pour l'école, ça friserait l'oubli total, voire la diffamation à la petite semaine pour tous les autres acteurs de cette école.
Comme dit plus haut, tous les bénévoles (parents d'élèves, intervenants, etc.) qui font beaucoup pour un établissement scolaire, mériteraient qu'on les honore. Le passé, le présent et le devenir d'une école tiennent à toutes celles et tous ceux qui, au fil des décennies, ont fait avancer un projet, souvent sans rien demander en échange, et pas à une seule personne.



"Honorer une personne VIVANTE, sauf exceptions, c'est souvent oublier toutes celles et tous ceux qui ne sont plus là".

Au final, trop personnaliser un hommage en l'associant à une personne publique vivante n'ayant rien accompli de "remarquable", c'est donc ne pas rendre hommage à toutes ces personnes oubliées, dont beaucoup nous ont quitté.
C'est au bout du compte les mépriser, d'une certaine façon, volontairement ou involontairement.

 

- Photo UNSPASH / Montage PINSPON -

 

• Qu'en pense l'ex-maire ?

Nous ne savons absolument pas ce qu'il en pense, mais il est forcément au courant. Il doit sans doute être un peu gêné aux entournures par ce cadeau empoisonné pour l'ensemble de son œuvre, parce que ce genre d'hommage, ça fait un peu cadeau entre amis en forme de sucette ou de hochet, à la toute fin d'une carrière bien remplie. Pas forcément enthousiasmant.

Quel besoin un élu VIVANT aurait-il d'être mis ainsi sur le devant de la scène ? Encore une fois, la population apprécie peu les hommages honorifiques en forme de gloriole, surtout quand ça se passe à l'intérieur d'un groupe fermé.

 

 

A qui la prochaine
sucette-cadeau ?
 

• La Municipalité aurait dû faire quoi, exactement, alors, ?

Plein de solutions très sympathiques et très courantes existent, sans compter celles que l'on oublie. Détaillons ensemble.

1 - Pourquoi ne pas demander aux enfants de l'école de trouver un nom, par exemple. La Directrice de l'Ecole aurait dû être consultée dans ce sens. C'est une façon de faire très courante en France.

2 - Donner un nom en rapport avec la défense de l'école laïque et de ses valeurs ? Il n'y aura aucun problème pour en trouver, il y a eu foule de gens biens qui, dans le passé, ont porté les écoles publiques à bout de bras. A l'heure où tout se privatise, on les remercie.

3 - Idée logique : la Mairie pourrait proposer un référendum aux habitants de la commune, mais sans qu'il n'y ait de choix fermé au départ, style "choisissez entre ça et ça". Plutôt un référendum de propositions libres. Au moins, si c'est l'ancien maire qui est choisi, ça aura une belle valeur démocratique réelle.

4 - Tenons compte de l'évolution positive de la société, du principe d'égalité. Un exemple : "et les femmes ?".
La tendance actuelle est à la féminisation pour ce qui est des noms des écoles, et pour cause, elles sont très largement oubliées dans ces cas-là. A l'exception de quelques-unes, comme Marie Curie et plus récemment de Rosa Parks, entre autres, tout se passe entre représentants du sexe masculin.

5 - Partons faire un petit tour dans notre histoire locale et honorons un homme ou une femme, pas forcément riche ou bien placé(e) socialement, pas forcément élu(e), mais qui a aidé les autres, à sa façon. Comment ? Un exemple ? Nous en avons tous connu, de ces gens-là...

 

Des pages très intéressantes sont à lire sur le site du Gouvernement.
Elles concernent les noms des écoles en France.
Au menu : des statistiques, des tendances, des constatations étonnantes, et ça se laisse parcourir tout seul.


Cliquez donc sur la photo.



 

• En conclusion.

Honorer un ex-maire vivant, très proche de l'actuel maire, c'est gonflé. Ou, au moins, maladroit.
Oui, oui, et gnagna et gnagna, et alors, au lieu de toujours critiquer, il aurait fallu faire quoi ? Eh bien, relisez bien au-dessus, des solutions sont proposées.

Nous avons bien conscience que la Municipalité, enfermée dans sa décision, ne changera pas d'avis, mais au moins, on en aura parlé.
Bonne journée à vous.

 
   
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