La forêt du
plateau landais :
immémoriale tout en ayant seulement un peu plus d’un siècle.
 
 

Ma forêt , immense mur sinistre dans le gris de l’hiver, vagues dorées des fougères en sous-bois quand le soleil d’automne les balaie, chant lancinant quand le vent se lève ...

 
     
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• La meilleure essence pour ce territoire.
Les pins dessinent notre paysage depuis qu’au 19ème siècle, l’injonction a été donnée de planter cet arbre qui, après des essais, s’est révélé la meilleure essence pour ce territoire et qui répondait parfaitement aux besoins économiques : il a porté l’industrialisation de toute une région.

Dans mon village il y a eu bien sûr des scieries mais aussi l’usine de produits chimiques pour la collecte et la distillerie de la résine, l’atelier de réparation des trains qui transportaient les "poteaux" vers d’autres sites, etc …

Et maintenant, la forêt reste
la première source de revenus du département de la Gironde.


Outre la pâte à papier, les pellets, les palettes, les cagettes, produits de jeunes pins finissant en coupe-rase, les grands pins, tout en protégeant des arbres plus jeunes, peuvent fournir du bois d’oeuvre de grande qualité, d’autant plus qu’ils auront été résinés.

La résine, très utilisée dans l’industrie chimique, est importée de nos jours.
Dans l’Antiquité, elle était utilisée dans la fabrication de la poix.
La France, 2ème producteur mondial dans les années 1930 a, depuis, cessé de récolter. 

L'Association Gemme la forêt d’Aquitaine.fr qui relance l'activité de la gemme dans le département des Landes nous apprend ceci :
"Il reste 170.000 hectares de pins de 40 à 80 ans actuellement, il suffirait d’exploiter 22,5 % de cette surface pour fournir les 18.000 tonnes de résine dont l'entreprise DRT* a besoin chaque année."
*DRT : Dérivés Résiniques et Terpéniques : production d’ingrédients dérivés du pin pour la parfumerie, la santé, la nutrition, l’industrie grâce aux résines, terpènes.

  • Et pour l’avenir ?

Qui a eu l’idée de vouloir implanter l’eucalyptus comme au Portugal, très rentable certes, mais hautement inflammable et destructeur de terres aussi. (100.000 hectares brûlés fin septembre)

Des oliviers dans l’entre deux mers, pourquoi pas ? Mais je m’égare ...

Le pin continue d’être l’essence la mieux adaptée au terrain et aussi à la perspective de réchauffement climatique. D’autres seraient envisageables, celles qui habitent les côtes méditerranéennes par exemple.

Les feuillus comme les chênes auraient vocation à migrer vers le nord ; les semis actuels ici n’atteindraient pas l’âge adulte par exemple. (H. Le Bouler)

Les chercheurs cherchent,
mais il y a de moins en moins
de chercheurs …

 

• Les FEUX

Bien sûr, le pin est inflammable.

Un peu plus de deux ans sont passés depuis les grands incendies de 2022, de nombreuses réunions ont été organisées, quelques décisions ont été prises et le paysage garde des cicatrices douloureuses des feux en Sud-Gironde : de grands vides parfois verdoyants de fougères, des parcelles portant encore de fines chandelles calcinées et surtout la crainte dans tous les esprits à la première odeur de fumée malgré les pluies de cette dernière année.

Après les incendies, en haut
la photo d'un côté d'une route
et sur la photo en dessous,
l'autre côté de la route.

Bien sûr, la solidarité remarquable qui s’était mise en place permet encore que les informations circulent rapidement dans le groupe dédié d’un réseau. ("feu de balles de foin maîtrisé …")

Bien sûr, du matériel a été alloué à la région, des pistes ont été refaites, des pare-feux installés (ma commune a acheté du terrain pour en former un autour des lotissements proches de la forêt : Plus sûr et plus aisé de faire que de faire faire ?).

Le pin est aussi fragilisé par les diverses tempêtes, la prolifération des scolytes etc … du fait de la monoculture intensive qui est pratiquée.

Darwin déjà mettait en garde contre la monoculture ! Les monocultures intensives facilitent la propagation des maladies et ravageurs, fragilisent les sols, les écosystèmes …

L’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière) note une augmentation de la surface de la forêt en métropole de 20 % depuis 1985 et une augmentation de 54 % de la mortalité des arbres en une décennie surtout dans l’est du pays.

Les événements, aussi bien que les scientifiques, les ingénieurs, nous le répètent : rien ne peut arrêter un incendie quand les conditions météorologiques sont défavorables (canicule, sécheresse, grand vent ).

 

• L’alternative ? La forêt partagée !

Des expériences se font jour en France et ailleurs (voir l’article concernant l’Extrémadure en Espagne en retournant au menu du dossier : Après un incendie)

Il faut partager la forêt en ménageant des lisières de feuillus, des pare-feux, des pistes, en mêlant des espèces (pas n’importe lesquelles), en pensant l’agroforesterie, en réintégrant plus de vie dans les forêts.


Les experts, ingénieurs de l’INRA, personnels de l’ONF, de moins en moins nombreux actuellement, ou sylviculteur éclairé ont des propositions, des savoir-faire.

Comme les mises en oeuvre dépendent de la volonté des propriétaires, il faudrait légiférer, planifier, et prévoir un budget pour recruter et faire respecter la loi car la forêt des Landes de Gascogne est essentiellement privée : 10 % seulement de sa surface appartient à l’état. Le reste est la propriété de nombreux sylviculteurs. Qui replantent pour beaucoup d’entre eux à l’identique pour préserver des revenus à court terme malgré les promesses de l’été 2022.

  • Un bien commun ?
Alors la forêt, pour sa pérennité et pour notre protection, peut-elle redevenir un bien commun en tant que écosystème, outil de production, lieu de loisir aussi et non plus seulement un patrimoine lucratif que se sont construit les industriels du nord au 19ème siècle alors que les communes n’avaient pas les moyens d’investir dans la plantation de la forêt ?
 

 

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« Après avoir parcouru cet article qui nous donne une perception parfaite de la forêt landaise d’aujourd’hui, je ne peux que vous indiquer de vous rendre sur le site du Goupement Forestier Uzestois afin de partager les préconisations d’une forêt respectueuse de l’écosystème. Le G.F.U., qui vu le jour lors de l’été 92 avec 32 associés, est depuis sa dernière assemblée générale composé de 119 sociétaires et possède un peu plus de 20 hectares de forêt situés essentiellement sur la commune d’Uzeste .
Ce groupement forestier est administré par un conseil d’administration avec un gérant qui n’est autre que Pascal Seguin qui fut maire et médecin dans ce village du sud-Gironde. Enfin vous pouvez bien évidemment conforter les préoccupations de la centaine de sociétaires en rejoignant le G.F.U.avec une part sociale fixée à 400 euros en bénéficiant d’une légère exonération fiscale. »
Alain Chollon.

Pour tous renseignements: gfu.uzestois@gmail.com

 
     

 

   
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