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on peut en faire quoi,
localement ?
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Cet article sur le renouveau surprenant de la généalogie est composé de deux parties très intéressantes.
■ La première explique ce renouveau par la part grandissante de très jeunes qui découvrent ce nouveau champ d'exploration, grâce entre autres à leur consommation de séries et de jeux vidéos.
■ La seconde montre une autre utilisation désormais très pratiquée et qui consiste à essayer de comprendre l'histoire du lieu où l'on habite grâce à cette même généalogie.
Les deux aspects de ce renouveau ont d'ailleurs tendance à souvent se mélanger.
Explications. |
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"Nous descendons tous
d'un roi
et d'un pendu".
- Jean de la Bruyère - |
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Première partie :
truc pour qui? |
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• Jeunes et plus vieux.
De tous temps à jamais, la généalogie a été considérée comme une activité plutôt destinée aux "anciens", comme les nomment toute personne qui ne se considère pas vieille. Ne nous demandez pas à partir de quel âge on est vieux, pour certains, ça démarre à 18 ans. 
Sans doute s'installe l'idée qu'au moment où la vie se raccourcit, on a envie de savoir d'où l'on vient, avant d'aller où l'on va, ne serait-ce justement pour ne pas mourir idiot.

Ne vous faites aucune illusion, si vous avez
ces "choses" aux pieds, c'est que non seulement
vous avez décidé d'être vieux, mais en plus
vous avez
vraiment
très mauvais goût. 
Mais voilà, bousculant depuis quelques années ce lieu commun, la généalogie devient aussi un truc de jeunes, genre à partir de 10 ans.
Si vous allez par exemple sur les forums du site jeuxvideo.com, vous trouverez des échanges à ce sujet qui ne laissent aucun doute sur la question.
• Comment se fait-ce ?
Les jeux vidéos expliquent ce nouvel engouement, justement. D'Assassin's Creed à Napoléon : Total War, des dizaines de jeux se promènent dans l'Histoire, la grande, et cette Histoire est devenue une passion pour beaucoup d'adolescents (non, pas Pokémon Go).
Ce que n'ont pas pu accomplir des générations de profs puisque les ordinateurs n'existaient pas, des concepteurs de jeux l'ont réalisé.
Bien sûr, l'Histoire dans les jeux vidéo est parfois largement faussée, et la véracité historique très fluctuante, ne serait-ce que pour alimenter le cours de l'intrigue dans le jeu. Cela dit, ne faisons pas les malins, l'Histoire de France un peu ancienne telle qu'on l'a apprise n'est que trop souvent le récit arrangé des vainqueurs des guerres passées.
N'empêche. La mayonnaise a pris.
Et du coup, beaucoup de jeunes se sont intéressés à leurs ancêtres, genre :
" - Il a connu Napoléon, Papy ?".
- Oui, c'était juste après avoir adopté un dinosaure".
Les enquêtes pouvaient démarrer.

Enquêtes ? Oui, parce que tous ceux qui se sont intéressés à la généalogie savent qu'avec cette activité, on est plus près du Sherlock avec Benedict Cumberbatch que de sinistres réunions entre vieillards amateurs de camomille forcément éventée. La série "Mercredi" avec Jennna Ortega a d'ailleurs enfoncé le clou puisque certains épisodes s'intéressent aux liens familiaux venus du passé.

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Celui qui n'a jamais découvert à trois heures du matin sur l'écran de son ordinateur l'existence de l'un de ses ancêtres perdus dans le néant et ayant (peut-être) traversé la Révolution sans que l'on sache s'il vivait vraiment à tel endroit et à un tel moment, ne peut pas comprendre les cris de joie traversant les fenêtres dans la nuit et effrayant chouettes et chevreuils. Les sangliers, non, il leur en faut plus.
Les enfants et les ados aiment, c'est du vécu.
Autre raison supposée de ce nouvel engouement chez les 15-30 ans : nous vivons une période charnière où les repères ont tendance à disparaître. Divorces, anonymat dans les villes, campagnes qui se vident, tout un chacun devenant plus mobile et pouvant se retrouver à déménager à l'autre bout de la France, les raisons ne manquent pas de rechercher des points d'ancrage.
De plus, comme il est un peu compliqué d'exister sans un passé transparent, il n'est pas rare que la généalogie puisse aider à comprendre des silences ou des fonctionnements familiaux bizarres ou qui, au moins, posent question : suicides, meurtres, amours contrariés ou pas, type d'éducation, personnes marquées par les guerres, etc. Et là, il n'y a surtout pas besoin d'attendre d'avoir 80 ans pour faire des recherches sur sa famille proche ou plus lointaine. Il vaut mieux le faire vite, tant qu'il y a des vivants qui peuvent raconter.
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L'ADN dans le monde de la généalogie est à la mode, à juste titre. Avec de limites.
Cette méthode, qui doit vous permettre de retrouver des ancêtres disparus ou de lointains cousins encore en vie est censée aussi vous informer de vos origines.
Il existe trois principaux types de tests ADN généalogiques : autosomique et ADN X, ADN-Y et ADNmt. Vous en saurez plus sans difficultés en consultant Internet, vous n'avez jamais pensé qu'on allait essayer de tout vous expliquer, non ?

En résumé, les tests ADN en généalogie, ce n'est pas toujours complètement fiable mais ça fonctionne bien quand même, ça a un coût certain, ça démontre que les races n'existent pas et c'est interdit en France.
L'aspect incroyable de cette recherche incite tout de même de nombreuses personnes à tenter le coup, même illégalement.
Bon, il est bien évident que cela peut avoir des conséquences inattendues : secrets de famille qui ressurgissent malencontreusement, mauvaise interprétation des résultats dans une optique médicale vous faisant penser que vous avez tant de pourcentages de risques d'attraper telle maladie grave...
On peut même donc en savoir plus sur ses origines géographiques, certains diront ethniques.
On se rappelle l'histoire presque loufoque d'un des dirigeants (député européen) du parti d'extrême droite hongrois Jobbik : connu pour ses prises de position antisémites et antiroms, il s'est récemment découvert des origines juives.
Ça calme.  |
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Seconde partie :
le nez au sol |
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"C’est héréditaire dans ma famille de ne pas avoir d’enfants". |
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• La piste est suivie, nez au sol.
Avec cette manie que nous avons à PinsPon de tout ramener au local avec pins et fougères, on se demande parfois quelles différences il peut y avoir après tout entre la généalogie de la Haute-Lande ou du Bazadais comparée à celle de la Bourgogne ou de la Corse : juste l'HISTOIRE propre à chaque région.
Un jour, il n'y a pas si longtemps, un ado du coin, justement, qui aidait son grand-père à reconstituer son arbre généalogique, lui a fait remarquer que puisque leur arbre généalogique était bloqué dans les années 1800, et que pour certains de leurs aïeuls, on ne savait carrément rien d'eux, (à part classiquement les dates de leur naissance, de leur mariage et de leur décès), on pourrait mieux comprendre ce qu'ils avaient vécu, bonheurs et malheurs, en s'intéressant au local.
A la vie des villages.

Pour cela, il suffisait de partir des registres paroissiaux d'Etat-Civil, des actes de recensement, etc, etc, exactement comme quand on recherche un ancêtre égaré dans les limbes du passé.
En d'autres termes, il s'était passé quoi dans tel village de par ici en 1756, vu qu'apparemment, beaucoup de gens étaient morts cette année-là, dont quatre femmes dans tel ou tel hameau ? Famine, peste ? Du coup, l'aïeule, avait sans doute vécu ça ou ça ? Les choses devenaient plus réelles, plus tangibles.
Et là encore, comme dans le chapitre précédent, les enquêtes pouvaient démarrer.

Plusieurs personnes dans la Haute-Lande ont étudié ainsi une rue de leur quartier en 1800, la vie d'un hameau, il y a 150 ans, par exemple. Les familles qui s'y sont croisées, les évènements qui s'y sont passés. Et ils ont compris la place de leur ancêtre dans ces rues ou dans ces hameaux. On peut même essayer de comprendre l'histoire d'un lieu où l'on vient d'acheter une maison ancienne, c'est dire... |

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"– En vérité Mabel, je ne vous comprends pas, un jour vous êtes femme et
parfaitement femme et le lendemain vous avez de façons si viriles !…
– Question d’hérédité, voyez-vous : la moitié de mes ancêtres appartenait
au sexe féminin, l’autre moitié au sexe fort." |
Les mairies et les autres.
Du coup, les mairies et les anciens deviennent des interlocuteurs importants. Internet et les Archives Départementales ne suffit plus.
Si certains secrétariats de mairies ou élus sont très réactifs et aidants, d'autres font tout pour vous mettre des bâtons dans les roues ou restent indifférents à vos recherches. Par exemple, Moustey n'a pas donné suite à des demandes de renseignements et Saint-Symphorien a carrément fait blocage lors d'une recherche sur un quartier.
Est-ce dû à un manque de disponibilité et un travail plus important à faire ? C'est compréhensible, mais il y a manière et manière.
Les plus anciens dans les villages, eux, sont des interlocuteurs de valeur, des mémoires. Ils racontent des choses qu'ils sont les seuls à encore connaître : ce qui s'est passé là et là, pourquoi tel hameau de la Haute-Lande s'est vidé, pourquoi dans tel quartier, toutes les familles ont le même nom, ce qui s'est passé après le traumatisme de la dernière guerre, etc... Ils dénichent dans leurs souvenirs la présence du frère inconnu d'un voisin et que tout le monde a oublié, qui vit dans un autre pays, enfin ailleurs. Tout ça.
Transmetteurs du passé ayant recueilli eux-mêmes le passé de la bouche de leurs parents et grands-parents, ayant eux-mêmes, etc.
Ça a une valeur, quoi. |
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La généalogie, c'est aller de surprises en surprises, d'anecdotes en anecdotes.
Mais le truc le plus dément, c'est de se rendre compte que la seule descendance crédible, c'est celle qui passe par les mères. On n'a en effet aucune certitude que tel enfant est le fils de tel père, par contre c'est une évidence du côté des mères, sauf adoption.
Donc, la généalogie qui se voulait être dans le passé le reflet d'un monde dominé par les hommes (reconstituer sa lignée depuis des temps imémoriaux, fantasme des familles anciennes, aisées et conservatrices...) n'existe réellement que par les femmes.
Leçon de vie. |
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