e plus difficile en partant de chez moi est de rejoindre la piste cyclable. Elle n’est pas vraiment loin, mais il faut emprunter, pour l’atteindre, une mauvaise piste de sable. Du sable bien collant après la pluie et glissant par temps sec. Une vraie calamité que les engins forestiers n’arrangent pas. Après tout, ils sont chez eux ; c’est moi l’intrus en vérité.
Je peux aussi passer par la route départementale. Mais j’ai peur ! A cause des voitures et des camions qui, en me doublant, me frôlent à grande vitesse. On appelle ça : se prendre un vent…
Bref, c’est sans doute pour ça que j’ai du mal à sortir mon vélo plus souvent. Je ne suis pas un intrépide. Juste quelqu’un qui doit se motiver pour assurer un minimum d’activité physique à son corps vieillissant.
Une fois que je suis sur ce ruban de bitume, rien n’est plus pareil. Je ne mets pas longtemps avant de respirer un grand coup. Je choisis ma destination. Soit en direction de Le Tuzan. Soit vers Villandraut. J’aime bien aller vers l’ouest. Vers l’inconnu…
Une fois, je me suis trouvé face à une chevrette (la femelle du chevreuil) et son petit en train de se goinfrer d’herbe verte. Je me suis arrêté et j’ai attendu la fin du repas. Par instant, l’animal me regardait sans cesser de mâcher. Finalement, elle s’est tournée et a fini par s’en aller. Au pas. Tout doucement. Belle rencontre pour moi.
Je suis remonté sur mon vélo tout content de ce contact d’un autre type.

Vers l’Océan, la piste est un peu raide. Les pros du vélo disent « faux-plat » montant. Pour moi, aujourd’hui, c’est le Tourmalet. Mais je m’accroche et je pense au retour… En descente, à toute « berzingue » (vitesse pour les ignorants du Bordeluche). À l’instant présent, il faut appuyer sur les pédales, fort et descendre les vitesses comme on renonce aux friandises par manque de moyens.
Mais je savoure les images offertes par la lande. Des tableaux en mouvement harmonique. Jamais les mêmes. Je suis seul au monde et j’oublie complètement qu’ils auraient dû (ceux qui décident) garder la voie ferrée.
Mais bon !! Je fuis toute cette triste réalité pour me laisser bercer par ce contentement de voir se profiler l’ancienne gare du Tuzan.
Pour cette fois, je m’en tiens là et fais demi-tour. Une heure, à peine plus! Il faudra reprendre la piste chargée de sable pour me retrouver chez moi. Juste au moment d’arriver quelques gouttes de pluie commencent à tomber et mon chien vient à ma rencontre comme pour me reprocher de l’avoir laissé à la maison… |