"Les Pérégrinations de Gérard" : périgrination 4, la balade
paresseuse à "Saint-Sym".


- Gérard Coma -

   
 

 a balade paresseuse à "Saint-Sym" : entre la rue des Espagnols et les étendues de la lande, vers les mots de Mauriac, en revenant vers la passerelle et le "pont bleu", peut-être sera t-il possible d'apercevoir le fantôme d'un train qui file sans bruit vers des ailleurs inconnus.
Gérard raconte...

 

 

• Le sportif paresseux.
Il s’agit bien d’une balade paresseuse. Sans risque... Je sais, pour préserver mon honorabilité, je devrais dire qu’il s’agit d’un voyage mémorial : le retour aux sources…
Ou bien alors évoquer le besoin de sécurité dans mes exercices d’activités quotidiennes. Un pneu crevé à quelques centaines de mètres du siège social n’a pas la même saveur qu’à dix bornes du point d’encrage.
Mais non, pas question ! Moi, je joue franc jeu... Sans tricher, je dis la vérité : je suis un sportif paresseux.
Et je ne ressens aucune honte à le faire savoir.

 

 

• Courte nostalgie.
Bien ! Donc, pour cette promenade que je réalise assez régulièrement, je sors de chez moi par l’allée parallèle. Sous les pins parasol qui, s’y personne ne s’en occupe, finiront par tomber sans aucune aide, tellement ils sont lourds de branches. Les pavillons sont bien alignés, silencieux à cette heure de la journée. Il est un peu plus de treize heures et je ne trouve pas trop de monde dans les rues. Le moment est à la gamelle et aux actualités télévisées.

Je prends à gauche, sur la petite départementale qui passe devant le Collège. Je repense à celui que j’ai fréquenté. Nostalgie de courte durée.


• La rue des Espagnols.
On tourne au coin du Casino.
La rue du 14-juillet, celle des Espagnols. Il reste encore une maison en bois. Je ne sais pas si elle date de l’époque des réfugiés… Une pensée pour l’histoire de ma famille. Un jour, je vais finir par la raconter. Parler de ces gens, « fous perdus » dans une histoire qu’ils ne comprenaient pas.

Je passe devant le Cercle. Voilà bien longtemps que je n’y suis pas entré… Il paraît que nous sommes une poignée à ne plus nous reconnaître dans ce lieu dont la symbolique militante a foutu le camp depuis belle lurette. C’est vrai que de nos jours les luttes ne sont plus nécessaires...
Je tourne à droite par la rue Carnot (Sadi, le Président !) et je coupe l’avenue Thiers pour rattraper l’allée des Jardins. L’image qui se présente alors dans mon esprit est amusante : Carnot, Thiers… On peut comprendre les anarchistes de l’époque. Bref !
Allées des Jardins, je croise une boîte à lettres un peu âgée, sagement assisse sur son fauteuil. Il y a quand même des gens encore pétris de cet humour « vieille France ». C’est pour moi comme un sursaut d’humanité.

 

• L'éternité sous un béret.
Me voilà dans la rue Jean-Lapeyre, illustre inconnu (sans doute un ancien maire). Ici, il a sa rue mais quel homme était-il sous son béret ? Je me demande s’il est au courant de sa notoriété dans son carré d’éternité. J’ai eu vent de son histoire... Je pourrais chercher dans le bouquin de Christiane Filleau, mais l’envie me manque… Je vous dis que je suis fainéant ! Il faut suivre quand même. J’aime cette rue. Elle va vers le stade. Vers les vastes étendues de la lande. Vers les mots de Mauriac : Génitrix... Le silence n’est pas loin. Mais pas aujourd’hui.
Je tourne à gauche dans la rue François-Mauriac. La maison construite par sa mère (Anne, je crois bien !!) est juste du côté droit de la rue. Le parc est sublime. La maison, propriété de la Région Nouvelle-Aquitaine, abrite - à ce qu’il paraît ! - des résidences d’artistes. Bon ! C’est vrai qu’il y a souvent du monde...

 

 

• A bicyclette sur les grands boulevards.
Je reviens vers le centre par le cours de Verdun. Il ne ressemble pas à une tranchée, mais on y circule beaucoup depuis l’installation d’une grande surface à la sortie du bourg. Elle fait la fierté de tout le peuple paroupian (la grande surface évidemment !!). Je pourrais prendre à droite, par le Boulevard de la Gare. Tiens en passant, je ne savais qu’il y avait eu des remparts à « Saint-Sym »… Il faudra enquêter.

Je pourrais passer le pont sur la Hure, mais il me faudrait pour cela appuyer sur les pédales... La bosse est beaucoup trop dure pour mes vieux os et je devrais continuer sur le grand boulevard, très passant lui aussi (toujours à cause du supermarché notre fierté).

Non vraiment, pas aujourd’hui ! L’air de la chanson de Montand me titille l’esprit. J’appuie un peu pour m’en libérer en continuant dans la tranchée jusqu’au centre.

• Ils revenaient du feu...
Me voilà entre l’église et la Caserne des pompiers. Les deux endroits sont calmes. Je pense aux gars, qui en 2022, revenaient du feu, complètement vidés. Ils ont fait du sacré boulot ces mecs-là. Il y a des engagements professionnels qui s’apparentent à des sacerdoces...
Je prends par la passerelle, refaite de neuf et de bois. C’est joli. En y entrant, je jette un œil sur les ruches, installées au bout d’un parcours piéton, joliment tracés le long du ruisseau. La nature n’y connaît pas la tonte, quel bonheur ! La fresque sur le mur de l’ancienne usine de chaussures, m’incite à penser que ce ne sont pas des enfants qui l’ont réalisée : je ne vois pas de : «  fuck ta... ».
Je roule et traverse le boulevard. Retour de Montand. Mer...credi ! Qui a écrit cette chanson ? Il faudra que je regarde sur le net au premier arrêt « pipi » pour m’en libérer, la sérénité de ma balade en dépend. Vive la 4G !

Je prends la piste cyclable et passe devant le chantier de la nouvelle crèche. La Communauté de Communes investit à « Sain-Sym ». « Y a intérêt ! Sinon on se barre vers la CCM ou le Bazadais, non mais ! ».
Juste à côté le centre de thalasso est fermé. On a parlé de faillite… Même le journal s’est fendu d’un article, c’est vous dire l’importance de l’info ! Le truc est à vendre : je doute qu’il trouve preneur. On n'est pas à Dax quand même !
Un rapide coup d’œil vers la maison de retraite, l’autre fierté du village. C’était un bon plan que de construire une usine à vieux dans le coin. On dit tous la même chose : « je ne veux pas finir là. » Oui mais bon… Il faudra que j’en parle à mes enfants.

 

• Histoires de train.
Je prends par la rue du Chemin-de-fer.
C’est là que pour bien comprendre, il faut se saisir de l’histoire du village. Oui ! Saint-Symphorien a été, en son temps et à son échelle, un nœud ferroviaire. Avec la disparition des rails, c’est devenu un nœud freudien…
Je traverse l’Avenue Jean-Jaurès. Pour ceux qui ont du mal avec la logique de la dénomination de nos rues, je les renvoie à l’histoire du village et, accessoirement, à celle de France. C’est vrai : une entrée à l’ouest, avenue Thiers et une entrée à l’est, avenue Jean-Jaurès. Il faut en déduire que le prénom « Adolphe » ne plaît pas. Sur mon vélo, ma capacité d’analyse ne va pas plus loin que ça !

Je poursuis mon périple par la rue du Chemin-de-fer et je passe devant la nouvelle déchèterie (attention, à bien écrire le mot, c’est important !). Comme je l’ai déjà dit, la Communauté de Communes investit. L’ancien pont de chemin de fer, dit le pont bleu (quelqu’un a trouvé beau de le peindre en bleu, il en restait plein au dépôt, sans doute) au-dessus de notre fleuve. Il faudra un jour que je compte les ponts de mon village, ça va m’occuper un moment.

Je roule sur la piste un long moment et j’arrive route de Balizac. On reconnaît ces maisons « garde-barrière ». Elles sont superbes d’être simples.
Je mange de la piste pour m’aérer le mental. Là, je ne pense plus à rien, je déboule.

Au bout d’un moment, je prends un chemin qui va me ramener vers la maison par la même allée du départ.

Les pins parasol ne sont pas encore tombés.

 


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la pérégrination de Gérard ?

   
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