A nouveau,
des bars dans
les villages ?
 
 
ça se tient,
ou pas ?
 

Autrefois, il y avait les Cercles dans nos villages de par ici. Il reste d'ailleurs encore quelques-uns de ces lieux, bistrots-troquets-salles de spectacle, qui proposent des îlots de chaleur dans des villages qui s'éteignent parfois inéluctablement, du moins au niveau des commerces présents.

Les députés viennent d'adopter un projet de loi aidant à l’implantation de bistrots avec une licence IV* dans les villages.
Des avis très partagés fusent de tous les côtés, avant le passage de la loi devant le Sénat.

Au final, pourquoi pas, pour de nombreuses raisons.
Vérifions.

*"La licence IV est, dans la réglementation française, une autorisation créée le 24 septembre 1941 sous le régime de Vichy, pour les débits de boissons souhaitant vendre à consommer sur place les boissons de tous les groupes". (Wikipédia) -

 
 

Ceux qui sont
POUR
!

 

 

 

 

• Le pourquoi du "oui".

Bon, donc, le député Guillaume Kasbarian (oui, c'est aussi l'allumé pénible qui trouve qu'Elon Musk fait un très bon travail dans l'équipe Trump), veut aider à l'implantation de nouveaux bistrots dans les villages dans les communes de moins de 3500 habitants par l'obtention d'une Licence IV plus facile à acquérir, sans avoir obligation d'attendre de pouvoir en racheter une, comme cela se pratique actuellement.

Comme nous le disions plus haut, de nombreux Cercles de Gascogne existaient dans nos villages et il y en a beaucoup moins à notre époque, c'est dommage. La proposition de loi du député tient donc la route.
Recréer des liens de vie dans les villages, ça se défend, surtout que désormais, les bistrots proposent souvent de nombreuses animations musicales et peuvent même ajouter à leur activité de la petite épicerie, un bureau de tabac, etc.

 
Les CERCLES de GASCOGNE
 

En 2024, nous avions évoqué dans un autre article les Cercles de Gascogne. Pour en savoir un peu plus sur ce que sont ces Cercles, en Gironde, dans les Landes et même dans le Lot-et-Garonne, cliquez sur leur logo ci-dessous.

 
 

 

 

Il faut habiter un village qui s'efface peu à peu du monde des vivants pour comprendre qu'on n'est pas en ville, où les occasions de manger, se désaltérer, se cultiver, se divertir sont légion. On parle aujourd'hui de plus de deux-tiers des communes françaises qui n'ont tout simplement plus de commerce, café y compris.

Question bistrots, c'est vrai qu'on est passé en peu de décennies de beaucoup à parfois plus rien du tout. 200.000 en 1960, 40.000 aujourd'hui, surtout en zone rurale.

Du coup, récemment, les activités sociales et culturelles des cafés, bistrots et autres lieux où l'on sert des boissons alcoolisées ont même été inscrites au patrimoine culturel immatériel du pays.

Bon. Et ceux qui sont contre ?

Ceux qui sont
CONTRE
!

 

 

 

• Le pourquoi du "non".

Il est vrai, d'après les opposants à cette loi, qu'il paraîtrait plus logique de privilégier la venue de médecins, ou encore d'essayer de maintenir les commerces encore existants ou les bureaux de Poste, plutôt que d'installer un bistrot. Ça peut sembler en effet contre-indiqué au vu des 49.000 morts par an pour cause d'alcoolisme débridé.

Pour de nombreux députés, ce n'est pas une priorité, loin de là, et certains y voient même une manipulation plus ou moins grossière du gouvernement, en vue de camoufler son échec en ce qui concerne la ruralité.

   

- Les panneaux d'information d'autrefois avaient une drôle de notion des "bons alcools" et des "mauvais alcools". Il est vrai qu'il ne fallait pas désespérer les viticulteurs français, d'où le classement du vin dans les "bons alcools". -

 

 

Les oppositions politiques se sont en effet fermement manifestées, et elles provenaient d'un peu tous les bords politiques.
Les socialistes ont d'ailleurs posé des amendements sur la table (qui n'était pas celle d'un bistrot ). Ils ont souhaité, entre autres aménagements, que ce soit le maire de la commune qui autorise l’obtention d’une nouvelle licence, alors que le projet initial évoquait juste une simple déclaration.

   

Au final...

 

 

 

• Le pourquoi du "faut voir".

Les arguments des politiques opposés à l'installation de cafés dans les petites communes sont ceux de citadins.
Eux, redisons-le, ne sont privés de rien dans les villes.

De plus, ils sonnent faux parce que si viser l'installation d'un médecin n'est effectivement pas chose simple et s'avère beaucoup plus difficile que de laisser ouvrir un bistrot, on ne comprend pas très bien pourquoi ces deux visions s'opposent. Un maire peut très bien vouloir faire venir un soignant dans son village, mais aussi dynamiser parallèlement le commerce local avec l'ouverture d'un café.

Nous pensons aussi que les bistrots peuvent être aussi et surtout des lieux de débats politiques, pas forcément limités à des conversations de... cafés du Commerce.
Historiquement, beaucoup de révoltes et de protestations sont nées justement dans les Cercles et ont imprimé historiquement un récit d'indépendance face aux pouvoirs en place.

Quels villages ?
 

Le site E-Territoire est très utile pour essayer d'observer la présence ou non de commerces dans nos villages, entre autres renseignements intéressants. Vous inscrivez le nom de votre commune et vous pouvez lire un certain nombre d'informations la concernant. Bien sûr, il faut tenir compte d'éventuels délais de mise à jour, mais dans l'ensemble, ça tient souvent la route en termes de référencement.
(N'hésitez pas à cliquer sur le logo du site ci-dessous).

 
   
 

Ainsi, toutes les communes ne sont pas logées à la même enseigne. Plus le village est petit, plus il lui sera difficile de sortir de cet engrenage, au niveau commerces. C'est très dommageable, parce que certains mériteraient un tout autre sort. S'il est vrai que de Roaillan à Callen, il subsiste encore un café ou une épicerie dans de nombreuses communes, d'autres ont vu leur dernier bistrot ou restaurant disparaitre définitivement.

Et si Langon ou Bazas, qui sont des bourgades de plus de 3500 habitants, voient toujours de nouveaux établissements s'ouvrir, d'autres villages seraient heureux de voir se créer à nouveau ne serait-ce qu'un petit troquet ou un restaurant, alors que celui-ci était présents autrefois (Balizac, Saint-Léger de Balson, etc.).

Dans ce domaine, tous les villages ne sont pas portés par la même dynamique et il est certain que des bistrots-restaurants installés à Villandraut auront toujours plus de facilité à attirer du monde (grâce par exemple au château), qu'un endroit sans élément touristique.

A suivre, donc.
La loi, si elle passe, sera-t-elle efficace pour dynamiser ne serait-ce qu'un tout petit peu les villages à qui il ne reste plus grand-chose ?

 
 

 

 

On pourrait aussi évoquer le fait que l'absence de bars dans les villages n'a jamais empêché en aucune façon les gens de se mettre un coup sur la nuque à grands renforts de boissons fortement alcoolisées, avec les conséquences que cela peut présenter dans un cercle très fermé, comme l'enceinte familiale. De plus, il est devenu désormais beaucoup plus facile de se mettre en vrac à domicile, étant donné que l'on peut acheter de l'alcool partout, Internet y compris.
"Cachez cet alcool que je ne saurais voir..."

La liste des dégâts causés par trop d'alcool est bien sûr sans fin (accidents de la circulation, féminicides, santé, etc.) mais il ne faut pas tout mettre dans un même sac : les buveurs, les lieux de beuverie, etc. Il existe beaucoup de personnes qui apprécient de se retrouver dans un café pour pouvoir siroter un petit quelque chose, tranquillement et sans excès, en groupe ou pas. Quand même, quoi.

• En conclusion.

Pour conclure, nous avons trouvé qu'un point posait problème, de façon presque amusante : si c'est le maire qui, au final, autorisera (ou pas) l'installation d'un bistrot dans un village, il se passera quoi si sa morale lui fait réprouver très fortement toute consommation d'alcool ?
Pas évident et un peu tordu de charger le baudet (!) et de responsabiliser encore un peu plus les élus.

... Parce que, n'est-ce pas, la consommation d'alcool est devenue à notre époque un sujet assez clivant.

Quoi qu'il en soit, chacun pense à sa façon et bonne journée à vous.

 

En France, entre 1960 et 2019, la consommation d'alcool a été divisée par plus de deux. Si on buvait dans les sixties en moyenne 200 litres d'alcool par an et par personne, un individu n'en boit plus aujourd'hui que 75 litres, même si ce chiffre s'est légèrement stabilisé depuis une dizaine d'années.

Le vin est la principale victime de cette désaffection et sa consommation a été divisée par 4 depuis 1960. Plein d'anciens ou de moins anciens se souviennent encore du nombre de litres absorbés sur un seul repas, en semaine y compris. Même les gosses buvaient régulièrement du vin, c'est dire...

 
     
   
 
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