• Avant 1900, les moutons s'en vont.
Déjà bien avant 1900, de nombreux espagnols migraient vers la France, surtout dans la partie sud du pays.
Par exemple, l'un des participants à PINSPON a retrouvé dans ses ancêtres un dénommé Arnillas, né dans la Province de Huesca en 1850. On ne sait rien de lui, sauf qu'il a traversé la région et s'est posé à Périgueux où il s'est marié.
Pourquoi est-il venu d'Espagne ?
Comme beaucoup d'autres, ce peintre en bâtiment a fait partie d'une première vague d'immigration espagnole, qui vit arriver des ouvriers italiens, espagnols, polonais, belges, en quête de travail. La France, en baisse démographique à cette époque-là, fut trop heureuse de le leur donner, dans des conditions misérables, la plupart du temps.

- Avant 1900, bien peu d'immigrés espagnols s'arrêtèrent dans nos villages. Ils filèrent plutôt vers le Nord, en Dordogne, par exemple -
(Montage PINSPON)
Oui, d'accord, mais dans le Sud-Gironde et le nord des Landes, plus précisément ?
Il semblerait qu'avant 1900, les espagnols en recherche d'une vie meilleure ne firent que passer dans nos contrées. Pourquoi ?
• Déjà parce qu'il n'y avait pas grand monde dans le coin, comparé à d'autres endroits, plus vers le nord, par exemple. La vie, où plutôt la survie, n'y était vraiment pas évidente.
Nous en profitons d'ailleurs pour vous renvoyer à l'un de nos excellents (!) articles sur ce sujet :

- La vie dans la lande, avant.
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• De plus, à cause de la loi de 1857 instaurée par Napoléon III, loi qui installait par la force la sylviculture intensive, beaucoup d'habitants d'ici furent contraints à l'exil.
Exil ? Pourquoi exil ? Parce que les pins envahissaient tout et demandaient moins de main d'œuvre, malgré l'essor du gemmage et la production de l'essence de térébenthine.
Donc, par manque d'espace et une répression accentuée sur les petits agriculteurs et éleveurs, les troupeaux ne pouvaient plus paître.
Alors, très logiquement, cette diminution des bestiaux signifiait de fait l'absence programmée du fumier nécessaire pour fertiliser les petites parcelles agricoles. D'où disparition de la petite agriculture ancestrale.
Vous suivez toujours ?

- Un dimanche après-midi dans la Haute-Lande,
juste avant l'apéro
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(Photo : Félix Arnaudin)

• Les lumières de la ville.
La population locale se déplaça donc plus loin, par exemple vers les villes.
Le développement urbain s'accentuait et il est clair que la lande, déjà bien peu peuplée, n'attirait plus grand monde.
Les espagnols, du coup, essaimèrent plus vers l'est et le Nord.
Il n'y avait pas d'intérêt réel pour un espagnol de venir s'installer définitivement dans la zone.
Les quelques-uns qui le firent contre vents et marées furent souvent des Basques, en quête de travail dans la sylviculture.
De plus, et ce n'est pas anodin, les espagnols qui voulaient une vie meilleure s'exilaient davantage vers l'Amérique Latine plutôt qu'en France, ce qui relativise encore un peu plus la présence des immigrés espagnols en France.
Les courbes démographiques de l'époque montrent d'ailleurs une stagnation de la population, sachant que, quelques années après, la Première Guerre Mondiale n'allait rien arranger.

• De 1900 à 1914, calme plat.
On le redit : si l'immigration espagnole existe depuis un sacré bon bout de temps, avant 1939, elle fut surtout composée surtout de journaliers agricoles dans le Midi et d'ouvriers attirés par le secteur industriel (métallurgie, sidérurgie, mines, industrie textile, etc.), plutôt situé dans les villes.
La population locale continua donc de diminuer dans nos pins, sans apport extérieur de travailleurs et sans beaucoup d'emplois sur place pour une population déjà très peu nombreuse.
Quand il n'y a pas à manger pour deux, il y en a encore moins pour trois. Et ainsi de suite.
Conséquence, même s'il est vrai que la Gironde fut la première destination des immigrés espagnols à cette époque-là, ce sont plutôt les vignes du Nord du département qui attirèrent ces travailleurs.

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