Bien avant 1939, déjà :
 
les vagues d'immigrés Espagnols dans les pins.
 
 

Une idée (trop) bien reçue laisserait penser que les Espagnols n'ont émigré en France qu'au moment de la fin de Guerre d'Epagne, en 1939.
C'est en partie une erreur.
Parlons-en grâce à un petit récapitulatif qui évoque notre pays dans son ensemble, mais aussi plus précisément notre région.

 
     
   
     
 

• Depuis quand ?... pfff, on ne sait pas.
Même si nous ne disposons pas d'infos concernant des vagues de migrants à dos de mammouths lors des grandes époques glaciaires, on peut néanmoins affirmer que la France et l'Espagne, en tant que nations existantes, sont depuis toujours des pays que les Pyrénées furent impuissantes à cloisonner, en bien ou en mal.


En mal, puisque, par exemple, ce grand psychopathe de Napoléon n'hésita pas à devenir un immigré Classe Premium en Espagne pour y massacrer allègrement ses habitants. Mais c'est une autre histoire.
Nous allons nous contenter dans cet article de revenir en arrière d'un siècle ou deux pour en arriver jusqu'à maintenant.
C'est déjà du boulot.

 
 
 
 

• Avant 1900, les moutons s'en vont.

Déjà bien avant 1900, de nombreux espagnols migraient vers la France, surtout dans la partie sud du pays.

Par exemple, l'un des participants à PINSPON a retrouvé dans ses ancêtres un dénommé Arnillas, né dans la Province de Huesca en 1850. On ne sait rien de lui, sauf qu'il a traversé la région et s'est posé à Périgueux où il s'est marié.
Pourquoi est-il venu d'Espagne ?

Comme beaucoup d'autres, ce peintre en bâtiment a fait partie d'une première vague d'immigration espagnole, qui vit arriver des ouvriers italiens, espagnols, polonais, belges, en quête de travail. La France, en baisse démographique à cette époque-là, fut trop heureuse de le leur donner, dans des conditions misérables, la plupart du temps.

- Avant 1900, bien peu d'immigrés espagnols s'arrêtèrent dans nos villages. Ils filèrent plutôt vers le Nord, en Dordogne, par exemple -
(Montage PINSPON)

Oui, d'accord, mais dans le Sud-Gironde et le nord des Landes, plus précisément ?
Il semblerait qu'avant 1900, les espagnols en recherche d'une vie meilleure ne firent que passer dans nos contrées. Pourquoi ?

• Déjà parce qu'il n'y avait pas grand monde dans le coin, comparé à d'autres endroits, plus vers le nord, par exemple. La vie, où plutôt la survie, n'y était vraiment pas évidente.
Nous en profitons d'ailleurs pour vous renvoyer à l'un de nos excellents (!) articles sur ce sujet :


- La vie dans la lande, avant.
Cliquez sur le logo -

• De plus, à cause de la loi de 1857 instaurée par Napoléon III, loi qui installait par la force la sylviculture intensive, beaucoup d'habitants d'ici furent contraints à l'exil.
Exil ? Pourquoi exil ? Parce que les pins envahissaient tout et demandaient moins de main d'œuvre, malgré l'essor du gemmage et la production de l'essence de térébenthine.
Donc, par manque d'espace et une répression accentuée sur les petits agriculteurs et éleveurs, les troupeaux ne pouvaient plus paître.
Alors, très logiquement, cette diminution des bestiaux signifiait de fait l'absence programmée du fumier nécessaire pour fertiliser les petites parcelles agricoles. D'où disparition de la petite agriculture ancestrale.
Vous suivez toujours ?

- Un dimanche après-midi dans la Haute-Lande,
juste avant l'apéro -
(Photo : Félix Arnaudin)

• Les lumières de la ville.
La population locale se déplaça donc plus loin, par exemple vers les villes.
Le développement urbain s'accentuait et il est clair que la lande, déjà bien peu peuplée, n'attirait plus grand monde.

Les espagnols, du coup, essaimèrent plus vers l'est et le Nord.
Il n'y avait pas d'intérêt réel pour un espagnol de venir s'installer définitivement dans la zone.
Les quelques-uns qui le firent contre vents et marées furent souvent des Basques, en quête de travail dans la sylviculture.

De plus, et ce n'est pas anodin, les espagnols qui voulaient une vie meilleure s'exilaient davantage vers l'Amérique Latine plutôt qu'en France, ce qui relativise encore un peu plus la présence des immigrés espagnols en France.

Les courbes démographiques de l'époque montrent d'ailleurs une stagnation de la population, sachant que, quelques années après, la Première Guerre Mondiale n'allait rien arranger.

• De 1900 à 1914, calme plat.

On le redit : si l'immigration espagnole existe depuis un sacré bon bout de temps, avant 1939, elle fut surtout composée surtout de journaliers agricoles dans le Midi et d'ouvriers attirés par le secteur industriel (métallurgie, sidérurgie, mines, industrie textile, etc.), plutôt situé dans les villes.
La population locale continua donc de diminuer dans nos pins, sans apport extérieur de travailleurs et sans beaucoup d'emplois sur place pour une population déjà très peu nombreuse.

Quand il n'y a pas à manger pour deux, il y en a encore moins pour trois. Et ainsi de suite.

Conséquence, même s'il est vrai que la Gironde fut la première destination des immigrés espagnols à cette époque-là, ce sont plutôt les vignes du Nord du département qui attirèrent ces travailleurs.

 
Ça, c'est Le drapeau espagnol monarchiste.
C'était avant 1932 et c'est de cette période que nous causons dans cet article. D'autres drapeaux suivront, bien sûr.
 

• 1914 : il valait mieux être espagnol que français.

La Guerre de 1914-1918, si elle fit faire un bond extraordinaire à l'industrie de l'armement, ne profita en rien à la Grande Lande.
Ah si, pardon : cette guerre, qui fut un massacre insensé et incompréhensible, décima les gars d'ici autant que les autres. A la fin du conflit, les forces vives vinrent à manquer et la demande pour une main d'œuvre dans la sylviculture devint alors criante.

 

- Le monument aux morts de Bommes -
(Photo Wikipédia)


Du coup, favorisés par une politique d'ouverture de la France, des travailleurs espagnols s'installèrent donc aussi dans la lande à ce moment-là, et beaucoup y fondirent d'ailleurs une famille.
L'immigration espagnole resta cependant très limitée, car l'Espagne n'ayant pas participé à la Première Guerre Mondiale, elle put s'enrichir, ou du moins ne pas s'appauvrir. Les espagnols, en général, restèrent donc chez eux.

Mais, Mais.
Tout de même, chez nos amis de la Péninsule, le temps se gâtait sérieusement : un "pronunciamiento" (coup d'état), mené par Miguel Primo de Rivera y Orbaneja en 1923, suspendit en 1923, les garanties constitutionnelles proclamées par la Monarchie en 1876.
Genre : "c'est fini ce bronx, les gars, on va mettre de l'ordre à notre façon".

De mauvaises habitudes s'installaient...


- Jusqu'en 1939, les espagnols furent bien accueillis en France,
c'est après que ça se gâta un tantinet -

• Accueillis comment ?

Les espagnols dans l'ensemble semblent avoir été accueillis de façon favorable en France dans ces années passées. Ils le furent beaucoup moins en 1939.
Cependant, il faut relativiser cette impression favorable en précisant que seuls 20% d'ouvriers espagnols purent accéder à une quelconque qualification professionnelle à cette époque-là, contre 60% de travailleurs français. Un manque de reconnaissance évident, qui n'avait rien à voir bien sûr avec leur véritable valeur.

Nous n'avons pas pu (ou su) trouver de témoignages de descendants d'immigrés espagnols venus dans le Sud-Gironde et le nord des Landes, lors de de ces époques lointaines, avant 1939.
Si vous avez, nous sommes preneurs.


Et après 1939 ? Cela mérite bien un autre article, non ? Un très grand l'article.

 
     
   
     
  Bien entendu, PINSPON ne dispose pas du savoir absolu et cet article a été écrit à partir de tas de renseignements glanés sur Internet, mais aussi dans des livres avec des pages en vrai papier. Les sources sont trop nombreuses pour être toutes citées sur cette page, mais nous restons à votre disposition pour de plus amples précisions.
N'hésitez pas, cependant, à consulter la bibliographie présente dans ce dossier, en cliquant sur le tas de livres ci-contre.
   
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